La théorie des laryngales s'est développée au début du , à partir d'une hypothèse initialement proposée par le linguiste suisse Ferdinand de Saussure en 1879, expliquant les alternances vocaliques qualitatives et quantitatives à la fin de certains radicaux proto-indo-européens par des « coefficients sonantiques », modulant une « voyelle élémentaire » /e/. Cette hypothèse a été étendue par le Danois Hermann Møller (1906) et ensuite le Français Albert Cuny (1912), qui ont proposé de voir dans ces coefficients des consonnes « laryngales ».
Cette théorie permet d’expliquer de nombreux phénomènes comme la longueur vocalique, la vocalisation de sonantes et l’accentuation balto-slave.
Ferdinand de Saussure notait ᴀ et o̬ (petite capitale a et o caron souscrit) les deux « coefficients sonantiques » réinterprétés plus tard comme les laryngales *h2 et *h3. Jerzy Kuryłowicz utilisa les notations *ə1, *ə2, *ə3. Actuellement, selon le choix des auteurs, la même laryngale peut être notée *Ha, *H2, *h2 ou avec un symbole désignant sa prononciation supposée.
Voici les principaux effets des laryngales sur les langues indo-européennes.
Dans les langues anatoliennes elles se conservent souvent, en particulier sous la forme ḫ en hittite. Elles persistent quelquefois en arménien et en albanais à l'initiale des mots en tant que h-. Elles disparaissent dans les autres langues, avec certains effets à leur contact.
Selon toutes ces hypothèses, les voyelles /e/, /a/ et /o/ pourraient donc être issues d'une combinaison de la voyelle élémentaire saussurienne /e/ avec trois phonèmes aspirés idoines (les laryngales), notés h1, h2, h3, qui auraient modifié le timbre du /e/ initial, pour donner les trois voyelles e, a et o selon le schéma décrit dans le tableau ci-dessous.
Les voyelles de la première ligne sont apparemment brèves, celles de la deuxième, longues, mais les hypothèses sous-jacentes résultent toutes de l'explication donnée en 1878 par Saussure des alternances vocaliques, explication limitée à la fin de radical.