Le concept de cognition motrice traduit l'idée que la cognition se traduit essentiellement dans l'action, et que le système moteur pyramidal participe donc à ce qui est habituellement considéré comme des processus cognitifs, y compris ceux impliqués dans les interactions sociales. Dans le paradigme de la cognition motrice, l'entité centrale est l'action, définie comme : une suite de mouvements, produits à travers un « objectif moteur » spécifique, pour répondre à une intention, ou en réaction à un événement significatif survenant dans l'environnement physique ou social. La cognition motrice étudie chez l'individu tant la préparation que la production de ces actions, ainsi que les processus qui interviennent pour reconnaître, prédire, reproduire ou comprendre les actions d'autres individus. Ces dernières années, l'application de ce paradigme a fait l'objet d'un grand intérêt et de succès expérimentaux dans toute une série de domaines de recherche, notamment en psychologie du développement, dans les neurosciences cognitives ou encore en psychologie sociale. L'idée qu'il peut y avoir une continuité entre les différents aspects de la cognition motrice n'est pas récente. On peut en retrouver la trace jusque dans les travaux du psychologue américain William James, et plus récemment dans ceux du neurophysiologiste américain Roger Sperry, prix Nobel de médecine. Sperry souligne que le cycle perception-action est la logique fondamentale du système nerveux. Les processus de perception et d'action sont en effet fondamentalement imbriqués : la perception a pour fonction de permettre une action, et l'action a pour fonction d'obtenir une certaine perception. On peut dire que le cerveau des vertébrés a évolué pour réguler des activités motrices, sa fonction essentielle étant d'identifier des schémas dans la perception sensorielle pour les traduire par des schémas de coordination motrice.