Le chaturanga (du sanskrit sa / sa-Latn signifiant « quatre membres » ou « quatre parties ») est un ancien jeu de stratégie indien, considéré parfois comme l'un des ancêtres du jeu d'échecs.
Le mot chaturanga figure dans les épopées classiques comme le Râmâyana, composées avant notre ère, pour désigner alors un terme militaire s’appliquant à la quadruple constitution de l’armée indienne traditionnelle : éléphants, cavaliers, chars et fantassins.
À partir du Harshacharita, histoire officielle du roi Harsha de Kânnauj, écrite peu après 643 par le poète de cour Bâna, il sert à désigner (peut-être, car l'interprétation n'est pas certaine) le jeu d'échecs. Le chaturanga est une version primitive des échecs actuels et se jouait à deux joueurs.
Le premier à signaler une variante jouée à quatre joueurs est le Persan Al-Biruni qui visita le Penjab en 1030. Cette variante a été décrite dans deux textes bengalis de la fin du ou début du , le Tithitattva de Raghunandana et le Chaturangadîpikâ de Shûlapâni.
Au , l'Anglais Duncan Forbes croyant par erreur que ces textes étaient vieux de , établit la théorie qu'un jeu d'échecs à quatre joueurs, joué avec des dés, était l'ancêtre de tous les jeux d'échecs. Cette théorie est fausse et, en particulier, l'historien britannique Harold Murray l'a démontré dans sa monumentale histoire des échecs (A History of Chess) publiée en 1913. Hélas, l'histoire étant jolie, elle a été largement reprise et diffusée, surtout en France, continuant de propager cette regrettable erreur historique.
Histoire du jeu d'échecs
Concernant la variante à quatre joueurs, il vaut mieux la dénommer , terme sanskrit signifiant « quatre rois », proposé par William Jones en 1790.
vignette|Plateau et pièces de chaturanga.
Si l'on en croit Bâna, le chaturanga se jouait sur un tablier de 8 × 8 cases, appelé aṣṭāpada (अष्टापद, littéralement : « huit pieds » ou « huit cases »). Ce tablier avait quelques marques spéciales, dont la signification est aujourd'hui inconnue. Ces marques n'étaient pas liées au chaturanga, mais étaient conservées par tradition.