En philosophie de la perception, les termes données des sens, données sensibles, données sensorielles, ou sense-data désignent des objets ou contenus mentaux strictement privés, inaccessibles à tout autre sujet que le sujet conscient qui les possède, et qui peuvent constituer des sortes d'intermédiaires entre l'esprit et le monde extérieur.
La théorie des données sensibles, qui postule leur existence, a été soutenue et développée au début du par des philosophes tels que Bertrand Russell, Charlie Dunbar Broad, Alfred Jules Ayer et George Edward Moore. Elle a été la source d'une vive polémique en philosophie de la connaissance. Pour ses partisans, il est nécessaire, pour rendre compte de l'expérience perceptive, de faire appel à des entités ou contenus mentaux produits à l'occasion de notre interaction sensorielle avec le monde.
Aujourd'hui, la théorie des sense-data, sous ses différentes versions, a peu de partisans, en particulier en raison du caractère ontologiquement mystérieux de ces données mentales qu'il semble impossible d'identifier physiquement. La discussion relative aux données des sens a, depuis la seconde moitié du , été largement remplacée par la discussion sur les qualia, qui leur sont étroitement liés, mais qui, contrairement à eux, n'ont pas nécessairement de statut ontologique. La théorie des sense-data reste toutefois une référence pour l'empirisme et constitue une étape importante de son histoire.
Pour Russell, les données des sens sont les objets d'une perception directe, dotés de qualités différentes des objets physiques, mais formant leur pendant : ainsi le sense-datum associé à ma perception d'une tomate rouge est-il la donnée subjective d'une tache rouge possédant une certaine forme, qui n'est pas la présence physique d'une tomate, mais celle d'un ensemble de qualités à partir desquelles se construit l'image de la tomate.