Shantarakshita (शान्तरक्षित, IAST : śāntarakṣita, « protecteur de la paix » ; (), né à Rewalsar, dans l'actuel état d'Himachal Pradesh, en Inde en 725 et décédé en 788, est un moine de Nalanda renommé pour sa synthèse des pensées yogacara et madhyamika exposée dans le Madhyamakalamkara (« Ornement de la voie moyenne »).
L'empereur Trisong Detsen invita Shantarakshita à se rendre au Tibet depuis le Népal entre 761 et 767 pour y propager le bouddhisme. Mais l'’opposition des religieux bön, qui accusèrent sa venue d’être responsable d’une épidémie, l’obligea peu après à retrouner au Népal, non sans avoir conseillé au roi de faire venir Padmasambhava.
La crise s’étant calmée (selon l’histoire traditionnelle, Padmasambhava soumit les démons anti-bouddhistes), Shantarakshita revint au Tibet afin de poursuivre son enseignement. Il ordonna les sept premiers moines réguliers du pays, qui résidèrent à Phabonkha près de Lhassa, dans un site de méditation datant de l’époque de Songtsen Gampo.
Parallèlement, il supervisa avec Padmasambhava une vaste entreprise de traduction de textes sanscrits qui allait constituer la base de la tradition nyingma (il se serait chargé des sutras, et Padmasambhava des tantras). Ensemble, ils auraient de plus fondé le monastère de Samye.
Ce fut notamment Shantarakshita qui le premier promulgua et pratiqua le tantra du Bouddha de médecine au Tibet, pour aider le roi. Avant sa mort, il aurait recommandé au roi Trisong Detsen de faire venir son disciple Kamalaśīla pour lutter contre l’influence chinoise chan présente depuis le . On a d'ailleurs suggéré que Trisong Detsen, en invitant l’abbé de Nalanda, cherchait déjà à contrebalancer cette influence, gênante du fait d’une rivalité militaire et politique qui n’existait pas avec les royaumes indiens.
Sa contribution à la philosophie bouddhiste consiste en une tentative de réconciliation des pensées yogachara et madhyamika, et en l’incorporation à ce dernier système des idées des logiciens et épistémologistes tels que Dharmakirti et Dignaga.