Le serbo-croate est une langue slave du groupe des langues slaves méridionales parlée dans l’ancienne Yougoslavie à la fois par les Serbes, les Croates, les Bosniaques et les Monténégrins. « Serbo-croate » était sa dénomination officielle dans l'ancienne Yougoslavie. D’autres dénominations officiellement acceptées pour cette langue étaient « croato-serbe », « serbe et croate », « croate et serbe », « serbe ou croate » et « croate ou serbe ».
Du point de vue de la linguistique comparée, le serbo-croate est une seule et même langue, c’est-à-dire dont les variétés présentent suffisamment de traits structurels communs, établis objectivement, pour constituer une langue unitaire et qui ne puisse pas être considérée comme le dialecte d’une autre langue. En sociolinguistique, Heinz Kloss a appelé une telle langue Abstandsprache « langue par distance ».
Déjà à l’époque de la Yougoslavie communiste, on parlait de , et même déjà de . Les locuteurs de cette langue ne l’appelaient pas couramment « serbo-croate », terme livresque et scientifique, mais, selon leur appartenance nationale, « serbe », respectivement « croate ». Kloss et McConnell, en 1984, considéraient que le serbo-croate était une langue indépendante avec un statut de langue ausbau (terme introduit par Kloss en même temps avec abstand), c’est-à-dire élaborée, pour chacune de ses deux variantes : serbe et croate. Le processus ausbau s’est accéléré après le démembrement de la Yougoslavie quand, dans chacun des quatre États devenus indépendants, la volonté politique s’est affirmée de créer des langues nationales et officielles à part. Certains linguistes ont appliqué à leur tour le qualificatif ausbau aux nouvelles variétés standard aussi. Ainsi, la dénomination « serbo-croate » a été abandonnée dans l’usage officiel, et remplacée d’abord par « bosnien », « croate » et « serbe », puis « monténégrin » aussi, appelés officiellement des « langues ». Certains linguistes y voient une manifestation du nationalisme.
La conscience du fait que c’est une seule et même langue reste présente chez les linguistes.