Le mot ethnogenèse signifie en grec « formation d'un peuple ». Au sens littéral, il décrit la genèse d'un groupe ethnique car, parmi les quatre termes grecs / genos signifiant « famille, clan, tribu », / laos signifiant « peuple assemblé, foule », / dêmos signifiant « peuple du lieu, citoyens » et / éthnos signifiant « gens de même origine », ethnogenèse regroupe le premier et le quatrième, soit « origine de la tribu ». Par extension, il décrit le processus socio-historique selon lequel se constitue un groupe humain partageant des traits distinctifs identitaires communs (coutumiers, culinaires, culturels, linguistiques ou musicaux) que l'on appelle un « peuple ». Cette évolution comporte des mécanismes que l'on retrouve dans celle des langues à laquelle elle est liée, et dans celle de la biodiversité, avec des phénomènes de diversification, d'acculturation, de métissage, de disparition ou d'apparition de tel ou tel caractère : un peuple apparaît nécessairement à partir des groupes qui l'ont précédé, et peut disparaître soit culturellement en se fondant dans un nouvel ensemble, soit physiquement en étant victime d'un génocide.
Utilisé initialement par les anthropologues évolutionnistes soviétiques des années 1920-1930 selon Françoise Morin (2006), ce concept réapparaît dans les années 1970 chez les anthropologues post-soviétiques dont Lev Nikolaïevitch Goumilëv (1912-1992) et Yulian Bromley (1921-1990), et plus récemment, chez les historiens médiévistes viennois contemporains (1916-2002) en 1961, Herwig Wolfram (1934-) en 1979, Jörg Jarnut (1942-) en 1985, (1953-) en 2005, G. M. Berndt en 2007, chez le géographe, historien, politologue et linguiste français Roland J.-L. Breton (1931-2016) en 1987, chez le politologue américain Thomas Turner en 2000, parallèlement chez les anthropologues en 1990, Guillaume Boccara en 1998, Françoise Morin en 2006, Florent Kohler (1968-) en 2009, Antoinette Molinié en 2012 et les médiévistes français Jens Schneider en 2011, Magali Coumert en 2013 et Audrey Becker en 2014.