La crise de la conscription de 1917-1918 est le point culminant des querelles politiques, militaires et ethnoculturelles ayant divisé les Canadiens anglais et les Canadiens français pendant la Première Guerre mondiale. L’adoption de la conscription par le gouvernement fédéral à l’été 1917, visant à rendre le service militaire obligatoire pour tout homme âgé de 20 à , mène à une crise nationale sans précédent dans l’histoire du Dominion du Canada, fondé en 1867. La loi martiale est imposée, une première depuis les rébellions des Patriotes de 1837-1838. Au Canada, les divisions s'accentuent avec les polémiques politiques et linguistiques qui entourent la pendaison du chef métis Louis Riel (1885), l'abolition des écoles séparées au Manitoba (1890-1896), les atteintes au français dans les nouvelles provinces de la Saskatchewan et de l'Alberta (1905), la question navale (1910) et le Règlement 17 en Ontario (1912). En parallèle, les historiens Donal Lowry et Carman Miller notent une nouvelle ferveur impérialiste au Canada anglais, qui se manifeste lors de la Guerre des Boers (1899-1902). Souhaitée par la Grande-Bretagne, la guerre mène à la soumission des Boers d’Afrique du Sud. L’expérience est éprouvante pour le premier ministre canadien et chef du Parti libéral, Sir Wilfrid Laurier. Le 13 octobre 1899, sans consulter le Parlement, il décide d’envoyer des soldats canadiens, enrôlés sur une base volontaire, en Afrique du Sud. Le Québec ne soutiendra pas activement la Guerre des Boers, jugée inutile par Henri Bourassa, étoile montante du nationalisme canadien-français et petit-fils de Louis-Joseph Papineau. Député fédéral dans le parti de Laurier, Bourassa rejette la position de son chef et démissionne le 18 octobre 1899. Il est réélu député indépendant lors d’une élection partielle dans la même circonscription, en janvier 1900. Le conflit dévoile d’importants désaccords entre impérialistes canadiens-anglais et anti-impérialistes canadiens-français.