Le durcissement est un terme utilisé pour qualifier diverses modifications phonétiques, qui impliquent toutes un renforcement articulatoire tendant à abaisser sur l'échelle de sonorité le niveau du phone concerné. Le terme est imprécis quant à la réalisation exacte du phénomène. Il peut recouvrir ainsi : la transformation d'une consonne sonore en consonne sourde - il s'agit alors plus spécifiquement d'un dévoisement ; la transformation d'une consonne sonante (semi-voyelle, spirante, vibrante ou nasale) en consonne obstruante (fricative, occlusive ou affriquée) ; la transformation d'une consonne fricative en consonne occlusive. Le durcissement est le phénomène inverse de la lénition. De nombreuses langues, comme l'allemand, le néerlandais, le breton et la plupart des langues slaves, présentent des phénomènes réguliers de dévoisement final, où des consonnes sonores en fin de mot sont remplacées par leur équivalent sourd. Comparer par exemple en allemand, Tag [] « jour » ~ Tage « jours » []. Dans les langues brittoniques (breton, cornique, gallois), le durcissement est régulièrement provoqué par certains suffixes ou la rencontre de certaines consonnes : la terminologie grammaticale de ces langues désigne plus précisément ce phénomène sous le nom de provection. En gallois, teg « beau » ~ tecach « plus beau », pysgod « poissons » ~ pysgota « pêcher », pobi « cuire » ~popty « four ». En breton et en cornique, ce phénomène existe aussi à l'initiale, où il est intégré au système de mutations consonantiques de ces langues : on parle de mutation durcissante. En breton, breur « frère » ~ ho preur « votre frère », bag « bateau » ~ ez pag « dans ton bateau ». Le dévoisement peut également exister comme phénomène de phonétique historique. Par exemple, les mots allemands Tag, tot, trinken « jour, mort, boire » comparés à leurs équivalents néerlandais dag, dood, drinken ou anglais day, dead, drink montrent un dévoisement du [d] initial en [t] du fait de la seconde mutation consonantique.