Le terme de Contre-Lumières, ou Anti-Lumières chez certains auteurs (en anglais « Counter Enlightenment »), est une expression utilisée depuis le pour désigner l'ensemble hétérogène des contre-courants opposés à la philosophie des Lumières du . Parfois confondue avec les termes « antiphilosophisme » et « contre-révolutionnaire », l'expression « contre-lumière » a été élaborée et définie rétrospectivement depuis le . Pour certains chercheurs comme Isaiah Berlin ou Zeev Sternhell, la pensée des contre-Lumières a eu des filiations intellectuelles dans certains courants de pensées apparus plus tard, comme le totalitarisme ou le néoconservatisme. Si le terme « Anti-Lumières » (Gegen-Aufklärung) a probablement été inventé par Nietzsche, c'est l'historien des idées Isaiah Berlin qui a été l'un des premiers à se pencher sur le discours d'un ensemble d'auteurs contre-révolutionnaires et romantiques. Dans un texte publié pour la première fois en 1973 dans le Dictionary of the History of Ideas, il tente de saisir la nature d'un mouvement qu'il désigne sous le nom de « contre-Lumière » (« Counter Enlightenment »). Toutefois, dès la fin des années 1940, il est possible de trouver l'expression dans certains travaux universitaires anglo-saxons. Dans un article publié en 1949 dans Partisan Review, William Barrett, professeur de philosophie américain, utilise le terme pour désigner des auteurs tels qu'Edmund Burke ou bien William Blake, mais également Friedrich Nietzsche. Si les termes « contre-révolution » et « antiphilosophisme » sont des expressions issues du , les notions de « contre-Lumières » ou d'« Anti-Lumières » sont des constructions rétrospectives élaborées deux siècles plus tard. Dès lors, si ces deux derniers termes peuvent être considérés par certains auteurs comme synonymes, selon les thématiques employées, la conceptualisation du mouvement et la liste des penseurs qui l'incarnent diffèrent selon les recherches. Au , l'antiphilosophie accuse ses adversaires philosophes de monopoliser les devants de la scène culturelle et littéraire, mais aussi de vouloir renverser les autorités religieuses et civiles.