J (appelée ji, , en français) est la dixième lettre et la consonne de l'alphabet latin.
À l'origine c'est une forme ornée du i, utilisée pour la lettre I en chiffres romains à la fin des nombres quand elle suivait un autre I, comme dans XXIIJ au lieu de XXIII. Un usage distinct du J émergea en moyen haut allemand. Il est confondu avec cette lettre jusqu’au siècle.
C'est une invention médiévale, utilisée comme une sorte de « i cédille », dans les documents commerciaux, les contrats (qui à travers l’Europe se font en latin), etc., pour écrire un nombre et éviter la fraude : vij (7) remplace alors vii ; la graphie ne dénote alors aucun son particulier.
Elle est adoptée ensuite dans la tradition scolastique (et ecclésiastique) française pour écrire les mots latins qui donneront un mot français avec la prononciation J /ʒ/ et, par extension, tous les mots comportant un I antéposé devant une voyelle.
Antonio de Nebrija en 1517, par son ouvrage « Règles d'orthographe en langue castillane », puis Gian Giorgio Trissino en 1524, par ses « Épîtres sur lettres nouvellement ajoutées à la langue italienne » sont les premiers à avoir fait adopter l'usage des lettres J et U dans leurs pays respectifs. La lettre J a ainsi permis de différencier les sons J et I qui s'écrivaient tous les deux I dans l'alphabet latin.
En France, en 1545, dans son « Traité touchant le commun usage de d'écriture française », le grammairien Louis Meigret préconise de conserver l'utilisation de la lettre I, en l'allongeant un peu, pour représenter le son J : « Nous usons aussi de l'I consonne, et de la même figure que la voyelle: toutefois, qui voudrait rendre notre écriture parfaite, il la faudrait aucunement diversifier, et la tenir quelque peu plus longue ». Il propose également, dans le même ouvrage, d'utiliser le I à la place du G quand il est utilisé avec le son J comme dans ange, linge, manger, mangeons.
En 1550, dans son « Traité de la grammaire française », Louis Meigret note la spécificité de la lettre I utilisée en tant que consonne qu'il mentionne comme I long pour le différencier de l'I bref : .