thumb L'économie de la surveillance (ou capitalisme de surveillance) désigne un champ émergent et florissant de l’Économie tirant profit de la surveillance numérique de la population. En 2013, le chiffre d'affaires du secteur du courtage des données personnelles était trois fois supérieur au budget total annuel alloué par le gouvernement américain à ses services de renseignement ( de dollars aux États-Unis). Malgré ses enjeux socioéconomiques, légaux et éthiques, le sujet reste méconnu, même si ce secteur fait parfois les gros titres de l'actualité. L'affaire Snowden, la révélation des écoutes américaines puis le Scandale Facebook-Cambridge Analytica / Aggregate IQ ont mis au jour l'étendue et la profondeur de la surveillance ainsi que sa dimension mondiale, tout en levant partiellement le voile sur ses aspects politico-économiques ainsi que sur ses liens avec les lobbies et leur activité d'influence des masses et des individus. D'autres sujets tels que l'évasion fiscale des « géants d'Internet », démontrent l'ampleur de conséquences économiques cachées. L'espionnage et la surveillance étaient par exemple citée il y a dans L'Art de la guerre de Sun Tzu, mais sont longtemps restés l'apanage d'États. On ne parle pas de modèle économique d'entreprise (ou modèle d'affaires) à propos d'empires ou de pays, mais l'intérêt économique et stratégique de ces pratiques était présent. Pour Armand Mattelart et André Vitalis, auteurs du livre Le profilage des populations, la surveillance organisée par des entreprises privées a Jadis réservé aux grandes puissances militaires et économiques ; grâce aux progrès de électronique et de l'Informatique, puis à l'arrivée du Web2.0, les méthodes et techniques de surveillance se sont largement « démocratisées » (depuis les années 1990 environ) et perfectionnées. On peut maintenant surveiller toute une population (on parle de surveillance globale) ou, de manière ciblée, une catégorie sociale, un réseau de communication, une entreprise ou un individu, et ceci à faible coût.
Andrea Rinaldo, Cristiano Trevisin, Lorenzo Mari, Marino Gatto
Jean-Paul Richard Kneib, Stephan Hellmich, Elisabeth Andréa Cécile Rachith, Belén Yu Irureta-Goyena Chang