La cantillation hébraïque est la prononciation soigneuse et nuancée de la hauteur musicale des voyelles de chaque mot d'un verset du Tanakh, la Bible hébraïque. Le ḥazzan, maître-cantillateur, utilise un répertoire de motifs musicaux traditionnels et stéréotypés, les tropes (du yiddish טראָפּ trop). Chaque trope se compose d'un motet initial destiné à cantiller les voyelles atones du mot, suivi d'un motet caudal plus développé servant à moduler la voyelle tonique des mots oxytons, la tonique et la post-tonique des mots paroxytons. Le répertoire de tropes varie selon les rites (ashkénaze, sépharade), selon les pays, ou selon les communautés juives locales. Si le nigoun hassidique est un chant créatif, souvent improvisé, les tropes sont des lignes mélodiques purement formelles et grammaticalement fonctionnelles.
Le texte massorétique de la Bible, hérité de la massorah des sages de Tibériade, utilise des accents pour signaler ces tropes. La grammaire hébraïque nomme טעמי המקרא teʿaméi hamikra ces accents qui s'écrivent, comme les voyelles, en marge du texte consonantique. Un graphème simple, parfois une composition de deux ou trois graphèmes, permettent d'écrire ces accents, dont le dessin rappelle celui de la ligne mélodique de chaque trope. Ces accents se notent, généralement, en marge de la consonne initiale de la syllabe tonique de chaque mot, qu'ils permettent ainsi de visualiser. Quelques accents marquent la consonne initiale du mot, d'autres la consonne terminale. En ce cas l'écriture massorétique répète parfois l'accent sur l'initiale de la syllabe tonique. Aujourd'hui, des caractères informatiques intégrés en Unicode (du signe 0591 jusqu'à 05AF dans le jeu de l'alphabet hébreu) permettent aussi de reproduire ces accents graphiques de la cantillation.
Le mot hébreu טַעַם taʿam traduit synthétiquement : une ordonnance grammaticale, le trope mélodique qui signale cette ordonnance, et l'accent qui représente graphiquement ce trope. Une ordonnance règle la qualité de la pause à respecter entre deux mots successifs lors de l'élocution d'un verset biblique.