La bataille d'Héraclée (actuellement, la commune de Policoro) est une bataille de l'Antiquité (280 ) qui vit s'affronter d'une part les troupes de la République romaine, commandées par le consul Publius Valerius Laevinus, et d'autre part celles de la coalition grecque d'Épire, de Tarente, de Thurii, de Métaponte et d'Héraclée, sous le commandement du roi d'Épire, Pyrrhus . Les Grecs, conduits par un de leurs généraux les plus talentueux, remportèrent la victoire.
Cette bataille s'inscrit dans le cadre des luttes entre la Grande-Grèce et la jeune République romaine, qui tente d'étendre son hégémonie sur toute la péninsule italienne. Elle incarne également les premiers affrontements du monde romain et du monde grec.
À la fin du , Tarente est une des nombreuses colonies grecques de la Grande-Grèce. Les dirigeants de la cité, que sont les démocrates Philocharis et Ainesias, sont opposés à la République romaine, car ils craignent de perdre leur indépendance vis-à-vis d'une Rome grandissante. Cette inquiétude s'accentue après les succès militaires romains : alliance entre Romains et Lucaniens en 298, soumission des Samnites en 291, des Sabins en 290, victoire sur les cités étrusques et les mercenaires gaulois.
L’historien Pierre Grimal rappelle les bonnes relations entre Rome et les cités grecques établies lors des longues guerres samnites, et le développement des relations commerciales romaines vers l’Orient. Toutefois un traité passé en 303 avec Tarente interdit aux navires romains de naviguer à l’Est du cap Lacinium près de Crotone, c'est-à-dire de passer dans le golfe de Tarente pour aller commercer vers la Grèce et l’Orient. Tant que les guerres en Italie centrale mobilisaient Rome, ces restrictions passaient au second plan. Mais selon l'historien Marcel Le Glay, une faction politique romaine autour des Fabii et des grandes familles campaniennes prône l’expansion vers le sud de l’Italie et au-delà. Le blocage des droits de navigation va être un motif de conflit entre Romains et Tarentins.