En linguistique, l'intelligibilité mutuelle est la caractéristique de deux idiomes étroitement apparentés génétiquement, c'est-à-dire deux telles langues ou deux dialectes d'une langue, qui permet que les utilisateurs de l'un comprennent l'autre et inversement, sans un apprentissage préalable.
On considère parfois que, si deux idiomes sont mutuellement intelligibles, alors ils sont les dialectes d'une même langue, et s'ils ne le sont pas, alors il s'agit de dialectes de langues différentes, mais ce critère est problématique pour délimiter les langues. En fait, il intervient dans cette question toute une série de facteurs, non seulement linguistiques mais aussi politiques et culturels.
L'intelligibilité mutuelle est étroitement liée à la parenté des langues et à l'existence de continuums dialectaux. Un tel continuum est formé d'une série d'idiomes apparentés, résultats de la division d'un même idiome parlé sur un territoire plus ou moins étendu. Les variétés régionales d'une langue parlée dans des localités voisines sont toujours mutuellement intelligibles, bien qu'il y ait des différences entre elles. L'intelligibilité mutuelles décroît à mesure qu'augmente la distance entre variétés, jusqu'à ce que deux variétés non contigües ne soient plus mutuellement intelligibles. Un tel continuum est, par exemple celui des langues turques, qui s'étend de la Turquie jusqu'au nord-ouest de la Chine.
Des facteurs extralinguistiques (historiques, culturels, politiques, etc.) font que sur le territoire d'un continuum se forment plusieurs États et nations, et que dans chacun de ces États on arrive à la standardisation d'une langue sur la base des variétés parlées dans leurs limites. C'est ainsi que sont apparues, par exemple, les langues appelées turc, azéri, kazakh, kyrgyz, ouzbek et d'autres langues turques. La qualité de la continuité entre dialectes peut être influencée pas l'existence des langues standard, mais le continuum dialectal n'est pas interrompu par les frontières des États.