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A l’aube du XXIe siècle, il est communément admis que la nature, au même titre que le construit, est un artefact, une élaboration humaine. C’est clair, c’est l’héritage du XXe siècle. Ce qui est nouveau, toutefois, c’est que notre environnement, naturel et construit, soit désormais perçu, tant au plan symbolique que littéral, comme source de danger. La nature, la montagne et l’air notamment, tout comme la ville en termes génériques, menacent l’être humain. Lothar, les avalanches de février 1999, les éboulements, sans parler des champs électromagnétiques et des gaz azotés, ont envahi les médias ; leurs images côtoient désormais celles, un peu fanées, des océans lointains aux eaux transparentes. En même temps, ce monde, où chacun prend les risques individuels les plus fous (base jumping, ski extrême…), n’accepte plus le risque collectif. Les ouvrages de protection se multiplient (digues, murs, etc.) et envahissent le paysage, sans discernement, avec la vigueur et la bonne conscience de l’investissement «utile» parce que nécessaire. Dans ce contexte, une réflexion architecturale doit s’engager. L’ouvrage de protection ne pourrait-il pas accueillir d’autres programmes ? La digue ne pourrait-elle pas être à la fois paravalanche et hôtel ? La chemise de protection d’un gros transformateur en milieu urbain ne pourrait-elle pas être tout ensemble mur et habitation ? Ce qui est hostile peut-il être hospitalier ? Ne pourrait-on pas habiter la menace ? Dans cet ouvrage, subtilement illustré, les textes d'un philosophe et d'une géographe côtoient ceux de quatre architectes dont les projets expriment le plaisir de renouveler une pensée architecturale qui apprivoiserait la menace, de repenser une pratique où «faire», ce serait d'une pierre deux coups…