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Dans bien des villes européennes, dont Genève qui nous occupera ici, deux processus fragilisent les activités urbaines peu (ou pas) rentables : la croissance de la pression foncière et l’augmentation des exigences régulatrices. Associées à une marchandisation de l’espace urbain et un durcissement politique et policier, elles produisent une saturation qui se manifeste comme un étouffement urbain. L’examen de deux « fonctions » urbaines essentielles, le logement et les activités « productives », nous permettra de comprendre cette forme spécifique de saturation. Elle contribue en effet fortement aux difficultés pour financer la production d’espaces à fonction peu rentable (petit artisanat, économie sociale et solidaire, art expérimental, etc.) ainsi que d’activités à but non lucratif (travail associatif, travail reproductif, etc.) ; que ce soit des espaces publics, des locaux communs, du logement social ou encore des lieux dédiés à des activités culturelles expérimentales. La conjonction de ces deux processus de marchandisation et normativisation tend à saturer la trame urbaine, induisant l’asphyxie des expériences qui n’ont pas les formats attendus pour répondre aux épreuves marchandes et aux exigences normatives. De multiples pressions touchent l’activité elle-même (accès à des locaux abordables, contraintes réglementaires), ainsi que les conditions de vie des personnes (cherté des loyers, coût de la vie, etc.).