L'École de Salamanque (en espagnol : Escuela de Salamanca) est le nom que des économistes du , notamment Joseph Schumpeter, donnèrent à un groupe de théologiens et juristes espagnols du liés à l'ancienne université de Salamanque, menés par Francisco de Vitoria, qui réinterprétèrent la pensée de Thomas d'Aquin et postulèrent que les sources de la justice, du droit et de la morale ne doivent plus être recherchées dans les textes sacrés ou les traditions, mais dans l'examen de la nature à la lumière de la raison.
vignette|200x200px|Statue de Francisco de Vitoria à Salamanque, Espagne.
Lorsque la Renaissance se fut propagée dans toute l'Europe, au début du , les conceptions traditionnelles de l'homme, de sa relation avec Dieu et avec le monde avaient été ébranlées par l'apparition de l'humanisme, par la Réforme, par les grandes découvertes et leurs conséquences sur les connaissances (géographiques en particulier). Ces nouvelles questions furent abordées par l'École de Salamanque.
Les dominicains Francisco de Vitoria (+1546), Domingo de Soto (1560) et Melchor Cano (+1560), puis Martín d'Azpilcueta (ou Azpilicueta), Tomás de Mercado ou le jésuite Francisco Suárez, tous jusnaturalistes et moralistes, sont les fondateurs d'une école théologique et juridique qui renouvela le thomisme à l'époque de la Réforme. Les sujets d'études se concentrent principalement sur le droit des gens ou de la guerre, l'homme et ses problèmes pratiques (moraux, accessoirement des questions économiques), mais il ne s'agit pas d'un corpus véritablement unique admis par tous, comme le prouvent les désaccords ou, même, les aigres polémiques entre eux.
Par l'ampleur des domaines traités, on a coutume de distinguer deux écoles, celle des Salmanticenses et celle des Conimbricenses. La première commencerait avec Francisco de Vitoria (vers 1483-1546), et arrive à son apogée avec Domingo de Soto (1494-1560) et Melchor Cano (1509-1560). L'école des Conimbricenses est formée par les Jésuites qui, depuis la fin du ont pris la relève intellectuelle des Dominicains.