La théologie politique se situe au point de rencontre entre philosophie politique et théologie chrétienne, et se penche en particulier sur la manière dont des concepts et des modes de pensée théologiques peuvent impliquer, justifier ou éclairer des analyses ou des engagements politiques, sociaux, économiques ou leur être sous-jacents. Ce même terme a été utilisé en des sens et au sein de questionnements assez divers suivant les époques et les auteurs. Une forme de théologie politique apparaît comme théologie de l'empire chrétien avec l'évêque Méliton de Sardes (seconde moitié du ) et est reprise plus tard par Eusèbe de Césarée (vers 265–339) après la conversion de Constantin (274-337) et l'édit de Milan (313). Pour Eusèbe, l’unification politique et l’unification religieuse sont liées ; la grandeur de l’Empire romain et le triomphe du christianisme vont de pair. Le Christ est conçu comme le « maître de l'univers » et le « roi des nations » dont le règne peut susciter la paix et la grâce perpétuelle. L’empereur, dans ce cadre, est le serviteur de Dieu et comme l’image du fils de Dieu : le gouvernement du monde est donné par le Père au Christ-Logos, qui le délègue à l’empereur, et celui-ci règne à l’imitation du Logos, lequel règne sur le monde à l’imitation du Père, roi universel. Le règne de Constantin s’inscrit donc dans le plan de Dieu : l’empereur reçoit aussi la mission d'être guide vers le salut et la foi chrétienne. Une sorte de métissage entre le christianisme et la vieille idée hellénistique de royauté sacrée s'effectue donc : l’institution impériale et son titulaire continuent d'être sacralisés, mais en régime chrétien, et volontiers l'empereur intervient dans les affaires de l'Église. Ainsi naît le césaropapisme, qui aura une longue postérité dans les royaumes chrétiens ultérieurs. L'histoire ultérieure est complexe et il n'est pas question de retracer ici tous les événements (voir les articles liés).