Les philosophes entendent par sens . Le sens, c'est la « signification qu'a une chose pour une personne et constitue sa justification ». La question du sens est la question par excellence de la philosophie première, c'est-à-dire de la métaphysique. Elle porte sur ses grands thèmes : la vie et la mort, la nature et l'évolution cosmique, l'histoire des hommes et l'existence individuelle, les choses et les événements, les paroles et les gestes ; et, au plus profond, sur l'être. L'existence a-t-elle un sens ou est-elle absurde ? L'histoire a-t-elle un sens (loi, orientation, signification), ou obéit-elle aux circonstances ? Et l'amour ? Et la mort ? Maurice Blondel commençait son livre sur L'action (1893) par cette question : « Oui ou non la vie humaine a-t-elle un sens et l'homme a-t-il une destinée ? ». Et, au deuxième degré, la question que l'on se pose sur le sens, a-t-elle elle-même un sens ? Cela a-t-il un sens de s'interroger sur le sens des êtres et des événements, de l'être en général et de la conscience ? D'une part, sens, en métaphysique, a pour synonymes fondement, justification, raison d'être, valeur (valeur explicative, valeur morale...) ; d'autre part, la notion de sens laisse voir que la chose considérée entre dans un réseau, fait partie d'une harmonie, anime un projet, met en œuvre une pensée. Ainsi, Saint-Exupéry affirme : « Ce qui donne un sens à la vie donne un sens à la mort » : la vie a de la valeur et elle en confère à la mort. Le mot sens, en métaphysique, regroupe alors diverses acceptions : Raison — Une chose sensée a un fondement, une justification par son origine, sa source (Dieu, le destin, la nature..., mais pas le hasard, pas une convention, pas une erreur...). Ordre — Une chose sensée entre dans un cadre intelligible, qui est ordonné et compréhensible, qui a de l'ordre, de la sagesse. Par exemple, selon les stoïciens, le monde est logos, ordre, raison. Direction — Une chose sensée va vers une chose sensée, évolue selon une loi intelligible, porte une valeur ou un contenu signifiants.