L’averroïsme désigne l’ensemble des doctrines philosophiques qui se réclament d’Averroès (1126-1198), dans tout l’Occident chrétien et chez les Juifs, spécialement au Moyen Âge et à la Renaissance, et qui connut une grande réputation par ses commentaires d'Aristote. À cette époque, le système de ce philosophe n'est connu que par les écrits de son commentateur si enthousiaste qu’il disait que . Il considérait l’âme dans chaque être humain comme une substance individuelle périssable, mais s’unissant à l’intelligence universelle dans l’acte de l’entendement.
Entrée autour de 1230 dans le monde chrétien grâce aux traductions de Michel Scot, l'œuvre d'Averroès, d'abord noyée dans le flot des auteurs arabes, émerge peu à peu lorsque Thomas d'Aquin et les dominicains décident de commenter un Aristote dégagé des commentaires arabes, tandis que des maîtres de la Faculté des arts commencent à enseigner l'aristotélisme tel que l'enseigne le Commentateur Averroès. Ce courant sera baptisé au « averroïsme latin » par Ernest Renan, et ses principaux représentants furent Boèce de Dacie, Siger de Brabant et Jean de Jandun. Le conflit se précise lorsque Albert le Grand en 1256 et Thomas d'Aquin vers 1270 critiquent la doctrine averroïste de l'Intellect agent unique pour tous les hommes.
vignette|Averroès, détail de la toile du , Trionfo di San Tommaso, de Andrea di Bonaiuto
Étienne Tempier, évêque de Paris, condamne 13 articles aristotélico-averroïstes en 1270 et 219 propositions enseignées à la Faculté des arts en 1277, après les imprécations de saint Bonaventure contre les « philosophes ». Selon Tempier, . Ainsi est lancée l'expression « double vérité » qu'on ne trouve jamais dans les écrits averroïstes. Parmi l'accusation de 1277, trois points dominent :
L'idée que Dieu agit toujours selon une nécessité interne de son essence, reprise d'Avicenne et en contradiction avec les dogmes de la Création, de la Providence et de la liberté humaine ;
L'éternité des seules espèces au détriment des individus périssables ;
L'union de l'âme avec l'Intellect, agent divin, et son retour en lui après la mort.