Un État-nation est un type particulier d'État dans lequel les individus sont censés appartenir dans leur majorité à une même nation. Il repose donc sur la coïncidence entre une notion d'ordre identitaire, l'appartenance à un groupe, la nation, et une notion d'ordre juridique, l'existence d'une forme de souveraineté et d'institutions politiques et administratives qui l'exercent, l'État. Sans cette coïncidence, on parlera plutôt d'un État multinational ou d'un empire, deux modes d'organisation politique favorables à la coexistence de minorités ethniques.
Les spécialistes ont longtemps défini deux modèles de formation de l'État-nation, le français et l'allemand, mais cette perspective a été remise en cause au ; elle est considérée comme eurocentrique, et réductrice.
Selon l'enseignement traditionnel, il y aurait deux modèles canoniques processus de création d'un État-nation:
Dans certains pays (comme en France par exemple) la naissance de l'État a précédé celle de la Nation ; le sentiment nationaliste se développe après la formation de l'Etat ;
Dans d'autres (celui de Allemagne et de l'Italie) le fait de se reconnaître d'une même nation, en particulier dans le cas d'une « nation ethnique » ou civique, et de manifester la volonté de vivre ensemble, a précédé la naissance de l'État.
Dans les deux cas, il s'agit d'une lente création résultant de conjonction, sur la durée de plusieurs générations, de situations socio-économiques favorables et de prosélytismes politiques.
En France, l'État s'est construit progressivement, et à partir du Moyen Âge les rois de France ont étendu leur autorité sur un ensemble de plus en plus grand. Le développement du nationalisme s'est fait progressivement, et a clairement émergé au (sans pour autant porter ce nom) dans la bourgeoisie, intellectuelle, commerçante et pré-industrielle, pour s'étendre progressivement à l'ensemble de la population (ou presque). La langue française est devenue la seule langue officielle après être devenue une langue véhiculaire d'imprimerie, stimulée par le fait qu'elle a été imposée dans les actes administratifs par l'ordonnance de Villers-Cotterêts en 1539.