En phonétique, l'articulation secondaire a lieu lorsque l'articulation d'une consonne est équivalente à l'articulation combinée de deux ou trois consonnes plus simples, dont au moins l'une d'entre elles est une spirante. Cette altération donne lieu à une co-articulation de différents phonèmes.
Elle peut s'effectuer à partir d'à peu près n'importe quel point d'articulation, mais les types les plus courants sont la labialisation (notée [w]), la pharyngalisation (notée [ʕ]) et la palatalisation (notée [j]).
La différence entre l'articulation primaire et l'articulation secondaire est parfois ambiguë. Par exemple, les sons [ɕ ʑ] sont souvent considérés comme des phonèmes à part entière, mais ils peuvent avoir pour équivalents les versions palatalisées de [ʃ ʒ], à savoir [ʃj ʒj]. Ces mêmes sons peuvent aussi être notés comme les phonèmes [s z] alvéolo-palatisés, c'est-à-dire [s̠j z̠j].
En alphabet phonétique international, l'articulation secondaire est officiellement notée avec un caractère en exposant : le [k] labialisé sera donc écrit [kw]. Cette notation peut porter à confusion, car elle suggère la réalisation de deux phonèmes différents [kw] alors qu'ils sont en réalité réalisés simultanément. Elle suggère également que la labialisation a lieu après la consonne, mais une telle altération affecte la consonne de part et d'autre : dans une transcription phonétique fidèle (mais inutilement encombrante), [akwa] serait noté [awkwa].
Pour cette raison, l'articulation secondaire a longtemps été transcrite phonétiquement avec un signe souscrit (« k̫ » pour [kw] et « ƫ » pour [tj] par exemple). Certains phonéticiens, malgré l'usage officiel, préfèrent encore une telle notation permettant de lever toute ambigüité. Une relique de cette ancienne notation est la consonne spirante latérale alvéolaire vélarisée voisée notée [ɫ]. Appelée dark L en anglais, elle est équivalente à [lɣ] ou [lʕ] ; le caractère « ɫ » est d'ailleurs souvent déconseillé pour son incompatibilité ou son illisibilité dans certaines polices d'écriture.