Le canon de modèle 1897 est une pièce d'artillerie de campagne de l'armée française. D'une conception révolutionnaire pour son époque, il regroupe, en effet, tous les derniers perfectionnements intervenus dans l'artillerie à la fin du , à savoir : l'utilisation de la poudre sans fumée, de la munition encartouchée, de l'obus fusant, d'un chargement par la culasse selon le procédé Nordenfelt et d'un frein de recul oléopneumatique. Cette synthèse, en éliminant les dépointages lors des tirs, rendait enfin possible un vieux rêve des artilleurs, le tir rapide. C'est grâce à ses caractéristiques exceptionnelles qu'il fut surnommé le « canon roi ».
Devenu un emblème de la puissance militaire française, connu bientôt comme le soixante quinze, voire notre glorieux soixante quinze, il fait l'objet d'un culte de la part des militaires et patriotes français, qui voient en lui une solution miracle à tout problème. Cet enthousiasme conduira à négliger entre autres la modernisation de l'artillerie lourde, erreur qui sera durement payée lors de la Première Guerre mondiale. En effet le 75 est le meilleur canon de campagne de son époque et s’est avéré très efficace dans la guerre de mouvement, et notamment dans la première bataille de la Marne. Mais il est beaucoup moins à l'aise et utile dans une guerre de position, où l'on a besoin d'artillerie lourde, pour atteindre les troupes retranchées. Il se distinguera néanmoins en grande partie grâce à ses servants qui paieront un lourd tribut. Encore en service en grand nombre dans l'armée française de 1940, il se montra cette fois-ci dépassé dans la guerre de mouvement, car on avait tardé à le rendre apte à la traction automobile, désormais nécessaire. Il connaîtra toutefois une seconde jeunesse comme pièce antichar, lors de la bataille de France, aux mains de la Wehrmacht et des Forces françaises libres.
En septembre 1892, un canon expérimental à tir rapide de de calibre - conçu par le capitaine Charles Étienne Sainte-Claire Deville - est essayé à l'arsenal de Bourges.