thumb|Odin guérit le cheval de Baldr (illustration de Walhall, die Götterwelt der Germanen d'Emil Doepler, 1905).
Dans le vocabulaire de la magie et du chamanisme, l'incantation est la composante orale d'un acte surnaturel : le magicien ou le chamane prononce des paroles magiques qui vont l'aider à transgresser les lois de la réalité. Dans le chamanisme, les incantations font souvent référence à la mythologie.
Souvent, l'incantation est un chant (une mélopée) ; d'où son étymologie, l'incantation est une "invitation" - préfixe in, idée d'entrée, de venue - "par le chant" - racine verbale cantare. Elle peut être laudative, car elle s'adresse à une puissance supérieure, et/ou impérative, si l'incantateur croit commander aux forces occultes plutôt que d'implorer leur bienveillance. Elle fait beaucoup appel à des langues mortes : latin, ou grec antique, censées être plus proches du savoir originel, mais peut aussi se faire en langue vulgaire. Elle est souvent répétitive, la répétition étant censée renforcer son pouvoir occulte. Dans le chamanisme, les incantations sont particulièrement prononcées la nuit pour renforcer leurs effets.
Par métonymie, on résume parfois l'invocation à la seule incantation, mais c'est un abus de langage.
Dans la vie courante, on dit parfois d'un texte ou d'un discours qu'il a un caractère incantatoire, c'est-à-dire selon les cas :
que son auteur prétend qu'il va changer le monde, d'une part, selon ses désirs, d'autre part, et sans en détailler le mode opératoire.
que son auteur espère qu'un évènement particulier se produise ou, plus rarement, ne se produise pas.
que son ou ses auteurs lui prêtent un certain pouvoir magique, sans pour autant s'en servir dans un cadre occulte. Il y a alors souvent une composante propitiatoire - l'incantation est glissée dans le texte pour contrebalancer la mention du Diable ou d'une autre force néfaste.
que son caractère répétitif, insistant, le rapproche d'une incantation par sa simple forme.
Delaurenti B., La puissance des mots. Virtus verborum.