En mathématiques, et plus précisément en topologie différentielle, une sphère exotique est une variété différentielle M qui est homéomorphe, mais non difféomorphe, à la n-sphère euclidienne standard. Autrement dit, M est une sphère du point de vue de ses propriétés topologiques, mais sa structure différentielle (qui définit, par exemple, la notion de vecteur tangent) n'est pas la structure usuelle, d'où l'adjectif « exotique ».
La n-sphère unité, Sn, est l'ensemble de tous les n+1-uplets (x1, x2, ...xn+1) de nombres réels tels que x12 + x22 + ... + xn+12 = 1. (S1 est un cercle; S2 est la sphère (usuelle) de centre l'origine et de rayon 1). D'un point de vue topologique, un espace X est une n-sphère s'il existe une bijection continue entre X et la n-sphère unité.
En topologie différentielle, une condition plus contraignante est demandée : la bijection doit être « lisse », c'est-à-dire qu'elle doit posséder en tout point des dérivées de tout ordre. La notion exacte de dérivée dans ce contexte demande la définition d'une structure de variété différentielle, munissant X de cartes locales, c'est-à-dire de systèmes de coordonnées (locales) satisfaisant à des conditions de compatibilité entre eux ; on démontre alors que l'existence de dérivées d'ordre un continues suffit pour qu'on puisse construire une bijection lisse au sens précédent.
En 1956, John Milnor montra, contrairement à ce qui était conjecturé jusque-là, qu'il pouvait exister différents systèmes de coordonnées sur la 7-sphère, équivalents au sens de la continuité, mais non de la différentiabilité. Par la suite, on tenta de clarifier la question de l'existence et du nombre de ces structures « exotiques », mais les résultats obtenus sont encore fragmentaires. Ainsi, il n'existe pas de structure exotique sur les sphères de dimension 1, 2, 3, 5, 6, 12 ou 61 ; dans d'autres cas (comme pour n= 8 ou 14), il n'existe qu'une structure distincte de la structure usuelle, tandis que pour d'autres dimensions encore (comme n = 15), on en connaît plusieurs milliers.